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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 22:04

Jean Marie Pelt

D’abord professeur de biologie végétale et de cryptogamie à la Faculté de Pharmacie de Nancy jusqu’en 1972, il fonde en 1971 à Metz l’Institut européen d'écologie, et enseigne la botanique et la physiologie végétale à la Faculté des Sciences de l’Université de Metz.

De nombreuses missions scientifiques à l’étranger (Afghanistan, Togo, Dahomey, Côte d’Ivoire, Maroc, etc.) l’amènent à s’intéresser aux pharmacopées traditionnelles de ces pays.

Cofondateur en 1999 du Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN), il est aujourd’hui très sollicité par les médias pour les questions de sécurité alimentaire, notamment celles concernant les organismes génétiquement modifiés (OGM) contre lesquels il s'oppose fermement.

Il est connu du grand public de par ses émissions pour la télévision et la radio, ainsi que ses nombreux ouvrages traitant du monde des plantes ou de l’écologie.

 

Je vous livre mes notes lors de son intervention. L'idée que j'en retire c'est son encouragement à nous reconnecter à la terre.

 

Conférence  du 1er Mai 2010

 Jean-Marie Pelt


 

 

 

L’Alsace est un pôle fort de l’écologie. Le 4 mai prochain se tient un débat pour acter le grenelle de l’environnement.

L’enjeu est de signer les engagements faits lors du grenelle, c'est-à-dire avoir une surface en agriculture biologique de 6% en 2012 et 20% en 2020…nous sommes loin du compte aujourd’hui.

 

De plus, il faudra officiellement acter une diminution de 50% des pesticides.

Cependant nous sommes dans l’inquiétude car après l’échec de Copenhague, l’écologie n’a plus trop la côte. Nous craignons un recule des politiques sur l’écologie et  donc que  le débat parlementaire fléchisse. Ce qui a été signé le 27/10/2007 risque donc d’être raboté par le parlement. Or les valeurs de l’écologie sont importantes.

 

S’agissant du vin, il y a un an, lors d’une conférence à Bordeaux avec les vignerons sur         « Comment faire pour ne pas donner au vin l’image de pesticides ? », je leur ai répondu que le plus simple, c’est de ne plus en mettre ! Pas si simple pour certains…

Le même jour une étude est sortie incriminant le vin comme étant cancérigène…

 Or, une molécule dans le vin peut éventuellement être suspecte. Mais ce que je reproche au monde scientifique c’est qu’ils sont toujours entrain de courir après LA molécule suspecte.

Est-il nécessaire de montrer qu’il existe une molécule néfaste du romarin, ou de l’olivier sur l’homme ? J’explique à ces mêmes scientifiques que, au lieu de chercher dans les plantes ou le vin ou autre, l’effet néfaste d’une certaine molécule, ils devraient chercher où les risques sont importants comme par exemple dans les nano particules…

Ce qui est sûr et qui a été prouvé, c’est que le vin est bénéfique pour la santé notamment au niveau cardiovasculaire, sur la circulation sanguine.  Il existe un effet positif incontestable.

Et on sait à qui l’attribuer: au resvératrol présent dans le vin.

C’est non fondé de dire que le vin est néfaste pour la santé. Sauf si excès bien évidement.

 

C’est une bonne chose que le vin soit bio car les pesticides en viticulture sont souvent plus dangereux que dans les autres cultures, surtout pour les « manipulants », notamment à cause de l’utilisation de molécules organo-phosphorées.

 

Charles Sultan, Professeur en Endocrinologie Pédiatrique au CHU de Montpellier a été frappé de constater que dans sa clinique le nombre d’enfants nés « anormaux » est particulièrement élevé, notamment les enfants de viticulteurs.

Il a remarqué que les testicules des enfants sont affectés et que leur pénis est plus court. Les pesticides affectent donc le système reproductif des enfants.

 

On a aussi remarqué des changements comportementaux dus aux pesticides sur des animaux.

Il y a 20 ans des chercheurs ont remarqué que des goélands s’organisaient en couple homosexuel, rien d’inhabituel pour les animaux. Ce qui était inhabituel, c’est que ces goélands se mettaient en couple avant l’âge adulte, à la puberté et qu’ils se choisissaient sur des qualités non sexuelles…. Ce qui les empêchaient de s’accoupler car ils restaient tout de même en couple toute leur vie.

Un autre exemple : celui des alligators qui ne faisaient pas de petits. On remarqua que ces alligators avaient des pénis tout petits.  Les femelles étaient normales mais ne pouvait pas avoir de bébé à cause des mâles. Ces alligators vivaient dans un lac à côté d’une usine qui avait brûlé et avait déversé énormément de pesticides dans l’eau.

Il existe une histoire similaire avec des pumas et à chaque fois les pesticides en étaient la cause.

 

Après des années de bénéfices de la révolution verte (explosion des rendements agricoles, baisse de la famine dans le monde) on fait face aujourd’hui au effets négatifs de la chimie.

 

-         baisse de la fertilité des sols

-         sols compactés

-         sols asphyxiés

 

Le sol est devenu un substrat inerte qui ne fonctionne plus que par la chimie. La terre est devenue simplement un support.

 

Mais les pesticides nous inquiètent aujourd’hui et il existe au moins 4 menaces sur les viticulteurs et sur l’homme en général.

            - sur la sexualité (on a constaté 50% de spermatozoïdes en moins chez l’homme)

           - une responsabilité sur certains cancers (surtout sur l’agriculteur)

           - une chute des défenses immunitaires

           - une augmentation des maladies neurologiques comme parkinson ou alzheimer

 

Le but est donc aujourd’hui de les diminuer dans l’agriculture.

 

Mais il existe aujourd’hui une pression énorme des entreprises phytopharmaceutiques. Or il faut les encourager à faire d’autres produits. Mais quels produits ?

 

Il faut essayer de stimuler les gènes de la vigne pour qu’elle se défende elle-même, l’aider à renforcer ses défenses par les stimulateurs de défenses naturelles (sdn) et faire des produits naturels à base d’extraits de plantes.

 

Pour exemple, j’ai rencontré une viticultrice en Suisse qui me racontait qu’elle traitait la vigne avec des extraits d’Aloès, de Bourdaine et de Cascara.  Je lui ai répondu que ces produits sont de grands laxatifs classiques de la thérapeutique. Il est donc bien possible que ces plantes fonctionnent pour la vigne. De plus, de par mes voyages en Afrique, j’ai rencontré des gens qui utilisent le Cassia Alata (reconnu pour ses effets laxatif, NDLR), contre les champignons de la peau. Ces produits doivent pouvoir être efficaces pour les champignons de la vigne !!

 

Il faut donc aller dans ce sens, trouver des produits non préoccupants pour l’homme mais efficaces contre les maladies des plantes.

 

Dans la même idée, on sait qu’il est possible de baisser l’utilisation du cuivre en viticulture, il faut continuer ainsi. Car le cuivre joue sur la qualité des sols.

 

Le sol n’est pas un substrat inerte, et malheureusement il est très peu pris en compte aujourd’hui par l’agronomie classique. Les agronomes d’aujourd’hui sont très peu dans les champs car ils restent dans leurs labos. Eh oui, ce n’est pas glorieux d’être dans les champs mais ça l’est beaucoup plus de faire des statistiques…

J’ai rencontré un jeune agronome parisien qui voulait faire une thèse sur le terrain mais qui dut partir au Canada parce qu’aucun professeur ne voulut lui trouver un sujet de terrain.

 

Or il faut faire des essais, des constats dans les parcelles. Les agronomes ne savent pas grand chose car ils sont très peu dehors.

 

Dans la bio, il y a de la convivialité et du partage, on raisonne en solidarité et non en concurrence. On dit « nous faisons ça pour être bons, pour faire de bons produits mais pas au détriment des autres ». On peut qualifier cela  d’écologie de solidarité.

En bio, on pense « comment sera l’avenir de nos enfants », « quelles ressources dans nos mines ». Aujourd’hui il n’y a plus rien en France, les ressources sont épuisées.

En bio, on se sent responsables du futur, on ne dit pas « après nous le déluges », on dit « il faut du partage ».

Nous sommes des constructeurs d’avenir, nous allons dans le bon sens pour une agriculture d’avenir. Notre préoccupation est de gagner notre vie et non de faire des dollars. C’est deux choses bien différentes.

 

Je suis Lorrain et je suis aujourd’hui attristé par ce qui se passe à  Gandranges. Monsieur Sarkozy a tenté de sauver l’usine et ça a échoué!!! Pourquoi ? Je viens de lire cette semaine que Monsieur Mittal à augmenté sa fortune de 12,5 Milliards de dollars. C’est indécent. N’était-il pas possible d’investir quelques millions pour sauver cette usine ?  

 

Une journée comme aujourd’hui fonctionne différemment et fait honneur à l’humanité. Car nous ne sommes pas dans une logique de concurrence mais de partage.

Mais si nous continuons d’aller dans le sens du tout pour soit, même la nouvelle tour de Dubaï sera un jour vide, nous irons dans le mur.

 

Les valeurs de l’écologie sont la solidarité et le partage. Ce que j’aime chez les « bio», c’est qu’ils connaissent la nature et aujourd’hui, force est de constater que le contact avec la terre, les bêtes n’est plus ce qu’il était avant. Il faut renouer avec la nature.

Aujourd’hui, il suffit de regarder les préadolescents, ils sont peu mobiles, ne grimpent plus dans les arbres, ne jouent plus aux gendarmes et aux voleurs.  Il faut les aider à se rapprocher de la nature et donc des gens proches de celle-ci.

Comment se fait-il que des étudiants de 4ème année de biologie ne savent pas reconnaître un chêne d’un frêne?  Il faut revenir à la nature. Les anciens grecs avaient une règles d’or : « fait aux autres ce que tu veux qu’ils te fassent » Cette règle se retrouve dans toute les religions.

Rablais disait « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

 

Un agriculteur bio ne traite pas les bêtes comme un conventionnel. Il faut que les sensibilités changent, « il faut sauver les condors pour nous sauver nous mêmes » disait un ornithologue américain …200 ans plus tard ils sont enfin sauvés !

 

La nature n’est ni cruelle, ni gentille, elle est !

 

Les agronomes ne savent pas que certaines plantes aiment être ensemble…les bios le savent.

 

Je termine avec une rencontre que j’ai eue avec Théodore Monod, un grand scientifique naturaliste spécialiste des déserts. Il vivait dans le réel. Il me dit un jour « j’arrive à la fin de ma vie et je suis pessimiste :  par cupidité l’humanité va détruire la nature. Avez-vous, Jean-Marie, déjà imaginé les conséquences si l’homme s’aimait vraiment ? Il n’y aurait plus de chômeurs, de guerres etc… Jean-Marie il faut le dire et le répéter ».

 

Il a raison et c’est pour cela qu’aujourd’hui je le répète encore aujourd'hui.

Jean Marie Pelt

 

 

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